Implantée en Bourgogne depuis des siècles, la viticulture est sans doute en train de vivre un tournant dans son histoire. En cause ? le dérèglement climatique qui apporte bon nombre d’aléas ayant un fort impact sur les cultures et la production de vin.
Alors que la demande reste très soutenue, ces phénomènes ont une forte incidence sur le rendement des vignes. A titre d’exemple, les gelées de printemps historiques de 2021 ont généré en Bourgogne, une baisse de 50% de la production.
Expérimentales ou confirmées, les solutions mises en œuvre par certains vignerons visent à augmenter la résilience de la viticulture en Bourgogne.
Des gelées de printemps à répétition
Depuis les 10 dernières années, plusieurs épisodes de gel au printemps sont venus malmener les vignes tout juste bourgeonnantes en ces périodes de l’année et le printemps 2021 aura marqué par l’ampleur et la gravité de cet épisode devenu historique.
Pour mieux comprendre ce phénomène, quelques éléments d’explications : Il y a un effet paradoxal du réchauffement climatique qui est qu’il peut conduire à une augmentation des dommages causés par le gel. En effet, l’hiver plus chaud accélère « l’éclosion » des bourgeons. Les vignes qui grandissent sont alors plus exposées à des conditions hivernales de début d’année, comme des nuits longues ou des températures négatives.
Nous avons, en effet, pu constater des températures qui descendent jusqu’à -6 ou -8 degrés avec des amplitudes allant jusqu’à 25 degrés par rapport aux semaines précédentes engendrant des conséquences désastreuses sur les bourgeons et mettant fortement en péril les récoltes, pour le plus grand désarroi des viticulteurs.
En Bourgogne, le Chablisien se situant dans le nord de la région, est peut-être plus sensible à ces phénomènes de gel. Néanmoins, l’ensemble des terroirs et climats sont, à des degrés divers, touchés par ces épisodes de gel de printemps.
Des vignerons choisissent la technique de l’arrosage pour protéger les bourgeons. En effet, à l’arrivée du gel, souvent durant la nuit, une pellicule de glace se forme autour du bourgeon, le protégeant ainsi des températures les plus froides.
D’autres installent des systèmes de «chauffage» à l’aide de flambeaux afin de maintenir une température positive à proximité des plants ou de hauts ventilateurs afin de diriger vers les pieds de vigne, l’air plus «chaud » et à minima positif disponible à quelques mètres de hauteur.
Source de stress pour toute la filière, cette lutte contre les gelées de printemps génère aussi un coût supplémentaire pour la production.
Une grosse pression sur les prix
Avec une demande en forte croissance du fait de sa mondialisation et l’émergence de nouveaux pays consommateurs, notamment asiatiques la conséquence directe est une forte pression sur les prix.
En 2021, les ventes aux Hospices de Beaune ont atteint des prix record portés par une récolte historiquement faible qui entraine un effet de rareté. Ainsi les montants récoltés sont restés supérieurs aux ventes précédentes alors qu’il y avait presque 2 fois moins de lots en vente.
Cette tendance inflationniste est également due à une hausse de la qualité et du travail réalisé par des vignerons de plus en plus impliqués et le passage de nombreux domaines en bio ou vers des approches éco-responsables.
Aussi, le moindre épisode climatique impactant les niveaux de récoltes agit comme une étincelle sur une situation déjà incandescente. Une baisse de production sur une marché en tension génère forcément une augmentation des prix de vente.
Globalement, en moins de vingt ans, les prix des vins de Bourgogne ont largement doublé, voire nettement plus pour les climats et les vignobles portés par une certaine notoriété.
Un millésime 2021 sauvé par l’expérience des vignerons bourguignons
Tous ces aléas confirment s’il le fallait que c’est bien l’expérience humaine et l’expertise des vignerons en particulier qui permettent chaque année de préserver la qualité des vins de Bourgogne. Le millésime 2021 en est le parfait exemple. Chacun a su s’adapter à sa propre situation pour vendanger au moment le plus opportun et surmonter ainsi, autant que possible, les caprices de cette récolte exceptionnelle.
C’est par leur travail et la connaissance accumulée que les vignerons de Bourgogne ont réussi à préserver la qualité de ce millésime 2021 dont les volumes ont été globalement divisés par deux.
Ils démontrent encore une fois qu’ils feront face, encore et toujours, à ces nouveaux défis liés aux aléas climatiques.